vendredi  06  décembre  2024 

L’école picturale de Tétouan : le passé et le présent

Toute personne intéressée par le mouvement d’art plastique de la ville de Tétouan ou par son étude se trouvera certainement en admiration devant l’abondance de la production artistique se rapportant à la ville et à sa beauté naturelle. Cette ville à inspiré bon nombre d’œuvres artistiques à travers diverses étapes historiques, dans différents styles et par plusieurs techniques. Ses mosquées, ses marchés, ses jardins, ses maisons ont fait l’objet d’au moins une étoile, un tableau ou une gravure.

Et bien que Tétouan partage de nombreuses caractéristiques avec les anciennes ville du Maroc, elle se distingue tout de même par son authenticité artistique que lui a valu sa situation stratégique et ses terres montagneuses qui surplombent la mer méditerranéenne, berceau des civilisations humaines à travers lequel les Marocains ont connu jadis différentes cultures et appris les valeurs de paix et de tolérance dans leurs relations avec des peuples tels que les phéniciens, les carthaginois les romains et d’autres.

La variété de l’élément humain résultant du fait que la ville n’a cessé d’attirer les populations musulmanes, juives et chrétiennes en provenance des montagnes du Rif, de Fès, de l’Andalousie et de l’Algérie est un atout majeur de la ville de Tétouan. Cette diversité a constitué le fondement d’une société avancée culturellement, socialement et artistiquement .Une société éduquée à l’art fin qui apparait a travers ses œuvres artistiques qui ont fait de cette ville, ses ruelles, ses portails, ses minarets et de ses jardins un monument.

Ainsi, l’éducation à l’art faisant partie intégrante de la vie des Tétouanais, la présence et le contact constant avec la beauté de ses trésors tels la mosaïque et les décors faits à base de bois , de porcelaine , de fer et de cuir ainsi que les broderies et les bijoux, entre autres , ont contribué à l’enrichissement du potentiel de ce site artistique.

De même, a concouru à cette éducation le patrimoine architectural de Tétouan réunissant une diversité de formes arquées et de traits à multiples dimensions au sien d’un tissu urbain qui unifie sentiers et ruelles ou la lumière et l’ombre marquent la beauté pudiques des maison qui annoncent une intimité faite de couleurs et formes en harmonie avec la vie quotidienne et d’une musicalité aquatique.

Grace à ce patrimoine civilisateur Maroco-Andalous, les Tétouanais, sans distinction ont nourri une grande sensibilité à la beauté facilement décelée à travers leurs comportements, leurs relations et leurs productions.

De 1860 à 1993

Le premier contact de Tétouan avec l’art occidental moderne ou art de « chevalet »remonte à la 6éme décennie du XIXe siècle après la guerre de Tétouan et son occupation par les espagnoles de 1860 à 1862. Cette occupation a occasionné l’ouverture de la ville de Tétouan sur de nombreuses manifestations espagnoles tel le théâtre, les espagnols ont bâti le premier théâtre au Maroc, celui de la reine Isabelle II, la presse (le journal l’Echo de Tétouan) et la musique par l’introduction de nouveaux instruments de musique. En contrepartie, les artistes et intellectuels ont eu l’occasion d’aborder la culture et l’art de Tétouan, en effet, la ville, par son éclat, a attiré bon nombre d’artistes étrangers, dont l’espagnol Maria Fortuny qui a visité la ville trois fois depuis 1860 lors de la préparation de ses toiles sur la guerre de Tétouan à la demande de la députation de Barcelone plusieurs tableaux de l’artiste ont immortalisé cette visite. Citons sa fameuse « bataille de Tétouan ». D’autres ont restés à jamais influencés par la beauté et le charme de Tétouan qu’ils ont merveilleusement présentés aux espagnols et grâce auxquels Fortuny est devenu le pionnier d’une école d’artiste orientalistes romantique espagnols notamment José Tapiero, Navarro Leorins, Antonio Digrain, Gonzalo bilbao…etc.

Pendant le protectorat, les artistes espagnols ont continué de s’intéresser à la ville de Tétouan à travers des œuvres moins influencées par le style orientaliste de Fortuny et plus proches de de la réalité social et artistique et de l’architecture de la ville d’une part, en faisant appel à des technique modernes inspirées des modèles occidentaux tels le recours ou réalisme, l’impressionnisme et la fauvisme a d’autre part.

Cette deuxième génération d’artistes espagnols éblouis par la beauté des arts de Tétouan a tenté d’aborder la culture et le patrimoine de la ville à travers son expression artistique.

L’artiste Mariano Bertuchi, quant à lui la figure imminente de cette génération. Sa grande admiration pour la ville et le patrimoine marocains l’a incité à visiter plusieurs fois le nord du Maroc. Sa première visite à Tanger remonte à 1889. En 1928, il s’est installé définitivement à Tétouan qui lui rappelait sa ville natale à savoir Grenade et nourrissait en lui la nostalgie de l’art islamique andalou.

La plus importante réalisation ayant immortalisé le nom Bertuchi reste sa réaction de l’école préparatoire des Beaux Arts de Tétouan -le premier établissement de l’enseignement artistique au Maroc.

Le premier directeur de l’école, Mariano Bertuchi, originaire de grenade, à été chargé de l’organisation administrative et pédagogique. L’école qui a été inaugurée le 12 décembre 1945 dans la place occupée antérieurement par le centre des études marocaines – bâtiment de la délégation du ministre de l’Education présentement- était constituée de trois classes, consacrées toutes à l’enseignement artistique.

Après une expérience réussie d’un an, il a fallu fondu officiellement l’école avec un dahir khalifien daté le 27 novembre 1946. Selon ce dahir, l’école est subordonnée directement à l’administration de l’inspecteur des beaux arts, l’artiste Mariano Bertuchi.

Bouabid BOUZAID,Artiste Peintre.
Professeur de l’histoire de l’art à INBA de Tétouan.

 

p 1 Bataille  de Tétouan : Maria FORTUNY.

 

p 2 Mariano BERTUCHI dans son atelier.

 

p 3Cafés de Tétouan : Mariano BERTUCHI.

 

p 4De l’exposition-  hommage à Mohamed SARGHINI  artiste pionner et  premier directeur Maroccain de l’INBA de Tétouan.

 

p 5Lithographie Massira fath : Avenue Massira. Œuvre de Thami DHAT Artiste sculpteur.