Superficie : 863,3 km²
Population : 829 9100 habitants (est. 2008)
Communes : 3 urbaines et 9 rurales
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Milieu naturel et démographie
Située à l'extrémité nord du pays, la préfecture de Tanger-Assilah fait face à l'océan atlantique et au détroit de Gibraltar. Tanger est la seule ville qui donne sur l'Océan Atlantique et la Mer Méditerranée. D'abord établie sur la colline de la kasbah, la ville s'est progressivement étendue sur les massifs la bordant à l'ouest en direction du cap Spartel (plateau du Marshan, Vieille Montagne) puis, au long de la plage, en direction du cap Malabata.
Le climat de Tanger est de type méditerranéen tempéré par l'influence océanique et le souffle du chergui, présentant quatre saisons bien marquées : hiver doux et humide, été tiède et sec, intersaisons modérément pluvieuses. Cependant la ville est souvent sujette a de violents phénomènes climatiques comme le vent fort et les pluies intenses (ex:200 mm de pluie en une journée, le 23 novembre 2008). Les précipitations sont comprises entre 700 et 1000 mm par an.
Histoire
Porte du Maroc, Tanger est situé à 14 km de l'Europe. Doté de deux côtes, méditerranéenne et atlantique, elle est considéré comme ville internationale de part son histoire et sa situation géographique.
Témoin de la présence phénicienne, comptoir carthaginois (Tingi), colonie romaine (Tingis), puis capitale de la Maurétanie tingitane (3ème siècle), occupée par les vandales au 5ème siècle et enfin rattachée à Byzance au 6ème, Tanger a déjà une histoire dense lorsqu'elle intéresse le général Omeyyade Moussa Ibn Noussaïr pour sa position stratégique et que c'est de la qu'en 711, commencera la conquête de l'Espagne par les troupes de Tarik Ibn Ziad, à qui Gibraltar, entre autres, doit son nom.
Durant la période musulmane, la ville est tour à tour dans le giron des Idrissides, omeyyades, almohades, almoravides et mérinides.
Après trois tentatives, les Portugais s'en emparent en 1471 et le cèdent à l'Angleterre en 1661 comme dot apportée par Catherine de Bragance à son époux Charles II d'Angleterre. Dès 1679, Moulay Ismaïl entreprend le siège de Tanger qui lui est abandonnée en 1684.
A la suite de l'aide apportée par le sultan Abd ar-Rahman ibn Hicham à l'émir algérien Abd El-Kader, les Français lancent sur Tanger un raid de représailles dirigé par le prince de Joinville qui bombarde la ville en 1844 et en démantèle les fortifications. Objet de convoitises européennes, la ville est dotée d'un statut international, lors de l'ère coloniale. Tanger rayonne alors au niveau international.
Le 10 avril 1947, le sultan Mohammed V, accompagné du prince héritier Moulay Hassan (futur Hassan II), prononce à Tanger le premier discours qui fait référence à un Maroc unifié et indépendant. A la suite de l'indépendance y est maintenue une zone franche pour éviter la fuite des capitaux. La ville connaît depuis une dizaine d'années (années 2000) un développement spectaculaire.
La ville d'Assilah quant à elle fut d'abord une ville carthaginoise sous le nom de Zêli, puis romaine sous le nom de Zilis. Le 24 août 1471, sous le règne du roi Alphonse V de Portugal, près de 500 vaisseaux et 30 000 soldats portugais prennent Assilah qui la baptisant Arzila. Ils y construisent une place forte, avec un donjon et une vaste enceinte et en quelques années ils la transformèrent en un comptoir commercial et stratégique important. En août 1550, le roi Jean III la fait évacuer et en 1577, elle est réoccupée par le roi Sébastien afin de préparer l'expédition d'Oued al-Makhazine, en 1578. En 1592, le roi d'Espagne et du Portugal, Philippe II, suite à la mort du roi portugais Sébastien en 1589 à la bataille des Trois Rois, restitue la ville au sultan le Saadien Ahmed el-Mansour.
Les Espagnols en reprirent possession plus tard sous le nom d'Arcila, mais elle fut cette fois conquise par Moulay Ismaïl Ben Chérif en 1691. La ville sera colonisée en 1912 par les espagnols et jusqu'en 1956, date de son intégration définitive au Maroc.
Economie
Locomotive du développement industriel de la région du Nord, la préfecture de Tanger Assilah, tout en renforçant son assise industrielle, se tourne aujourd'hui également vers le développement intense des activités commerciales et de services. L'agriculture de la région de Tanger est tertiaire et principalement céréalière.
Dans le trio de tête des pôles industriels du Maroc, longtemps dominée par les secteurs industriels traditionnels (agroalimentaire, métallurgie, etc.), la zone se recentre aujourd'hui de plus en plus vers les métiers mondiaux du Maroc (automobile, aéronautique,etc.). Cette nouvelle compétitivité se reflète notamment à travers Tanger Free Zone qui a attiré plus de 6 milliards d'investissements, lui permettant de figurer à la huitième place du classement international des zones franches réalisé par le "foreign direct investement".
Par ailleurs, le développement humain et social n'est pas en reste puisque de nombreux investissements en faveur des équipements urbains et des infrastructures sanitaires, socio-éducatives et culturelles sont mis en œuvre de manière régulière et progressive.
La zone est caractérisée par un taux d'urbanisation très élevé (93,6%) et une dynamique urbaine soutenue. De nouvelles zones urbaines sont crées ou en cours de création pour juguler la pression urbaine et l'accroissement de la ville : Nouvelle ville de Ch'rafat (Tanger) : 1.300 Ha, Al Irfane (Tanger) : 60 Ha, Ksar Sghir (Tanger): 30 Ha, Ibn Batouta (Tanger ) : 136 Ha.
L'infrastructure industrielle se caractérise par de nombreuses industrielles dont certaines sont saturées ou quasi saturées (Moghogha, Gueznaia, Al Majd, etc). La préfecture accueille par ailleurs la plus grande zone franche au niveau national et bénéficiant d'une notoriété internationale : Tanger Free Zone avec une base foncière de 900 Ha dont 345 Ha opérationnels, 37 000 emplois créés, 383 entreprises installées et 400 M Є investissements cumulés à fin 2007.
Les zones industrielles en projet sont assez impressionnantes telles que celle de Mellousa 1 et 2 qui devraient couvrir plus de 600 hectares et accueillir une imposante usine du constructeur Renault.
Le chemin de fer relie la ville à Rabat, Casablanca et Marrakech au sud ainsi qu'à Fès et Oujda à l'est. L'autoroute, opérationnelle depuis 2005, relie Tanger à Rabat et aux autres grandes villes marocaines. L'Aéroport international de Tanger - Ibn Batouta est situé à Boukhalef, à 15 km au sud-ouest du centre de la ville, sa capacité vient d'être portée à 1,5 million de passagers par an.
La ville est également en passe de devenir une plaque tournante du trafic maritime commercial avec l'ouverture du port Tanger Med qui a pour vocation de faciliter le commerce maritime. Ainsi, depuis mai 2010, l'essentiel du trafic est orienté vers le nouveau port de Tanger Méditerranée (Tanger Med) situé à une quarantaine de kilomètres à l'Est de la ville.
Culture et société
Tanger est depuis longtemps une terre d'accueil. La beauté et la luminosité du site en ont fait une source d'inspiration. Des écrivains et des intellectuels du monde entier, sont attirés par son climat, ses paysages et son pittoresque. Des figures célèbres tel que Muhammad Asad y ont vécu. La ville se caractérise par une activité culturelle intense.
Avec près de 700 000 habitants et afin de disposer d'un potentiel propre d'ingénieurs, de techniciens et d'experts, Tanger est doté de plusieurs facultés et écoles supérieures (Faculté des Sciences et Techniques de Tanger ; Ecole Supérieure du Roi Fahd de Traduction de Tanger ; Ecole Nationale des Sciences Appliquées de Tanger, etc.).
Monuments et sites d'intérêt
Grande mosquée
La grande mosquée est l'un des monuments les plus importants de la ville, construite avant l'occupation portugaise et anglaise.
Vainqueur des anglais, qu'il chasse en 1684, Moulay Ismaïl y édifie à nouveau une mosquée, agrandie par Moulay Slimane en 1815.
Elle est située dans la rue Jamaa El Kebir, prolongement de la rue de la Marine qui débouche sur Bordj El Hajoui et ses canons. En face d'elle se trouve une Ecole primaire, ancienne Medersa mérinide bâtie en 1777.
Mosquée Al andalous
La Mosquée Al Andalous de Tanger est une jolie mosquée issue de l'architecture arabo-musulmane et décorée avec des mosaïques, plâtres sculptés et des dizaines d'autres petits détails décoratifs qui lui confèrent tout son charme. Elle est située dans le quartier Castilla de la ville Blanche.
La médina et la Kasbah
La médina abrite herboristeries, bijouteries, maroquineries, bazars. Elle invite à un voyage dans le passé à travers le dédale sans fin de ruelles enchevetrées à l'intérieur des remparts de la ville. La Kasbah date quant à elle du xiième siécle. Elle domine la ville et compte de prestigieuse demeure telle que Dar al Makhzen.
Sour Al Maagazine
A mi-chemin entre la veille ville et la nouvelle, cette place est connue pour ses canons lorgnant la mer et son panorama.
Le Grand Socco
Le Grand Socco, le grand souk, constitue réellement le cœur de Tanger. Cette place abrite un marché permanent avec des commerçants en costumes traditionnels. L'animation et le tumulte qui règne dans le Grand Socco ont inspiré des écrivains tels Joseph Kessel.
La place est dominée par le minaret en faïences polychromes de la Mosquée Sidi Bou Abid, construite en 1917. Les fruits et tissus se mêlent dans un véritable spectacle son et lumière.
Le petit Socco
Le Petit Socco, à deux pas du Grand. Cette fameuse petite place est toujours en activité aujourd'hui.
Le cap Spartel
Le cap Spartel ou Ras Spartel est un promontoire de la côte du Maroc, situé à l'entrée sud du détroit de Gibraltar, à 14 kilomètres à l'ouest de Tanger. Face au cap Spartel, à 44 km au nord, le cap Trafalgar marque l'entrée nord du détroit, sur la côte espagnole.
Sur le cap Spartel, à 110 m d'altitude, se trouve un phare, qui commença à fonctionner le 15 octobre 1864. Sa construction fut ordonnée par le sultan Mohammed IV ben Abderrahman. La lumière du phare est visible à 30 milles marins (55,6 km).
Le musée de la Kasbah
Le musée des arts marocains est situé dans la Kasbah de Tanger, plus précisément dans les appartements princiers du Dar el Makhzen, le palais du sultan. Construit au XVIIe siècle, ce palais a été plusieurs fois agrandi et rénové avant de devenir un musée en 1922.
A l'intérieur de ce chef d'œuvre de l'architecture musulmane, le musée expose de très belles collections reflétant l'artisanat et l'histoire de l'ensemble du pays. On distingue 2 parties :
Un musée archéologique où sont exposés les vestiges antiques du Maroc, illustrant l'histoire du pays depuis la préhistoire jusqu'aux premiers siècles de notre ère.
Un musée ethnographique où sont exposées les plus belles pièces de l'artisanat marocain (poteries, céramiques, tapisseries, armes, textiles, cuir, bois, bijoux...).
Dar al Makhzen
Ce manifique palais construit en 1684, puis reconstruit en 1740 abrite aujourd'hui le musée de la Kasbah.
Légation Américaine
Offert en 1821 aux État-Unis d'Amérique, par le Sultan Moulay Slimane, ce batiment fut un consulat durant 135 ans. Aujourd'hui il a été réhabilité en musée. L'architecture est purement marocaine et renferme des pièces de musée. La bâtisse renferme la seule bibliothèque de langue anglaise du Royaume,
Site archéologique de Cotta
Ce site romain à l'ouest de Tanger date du premier siècle avant l'ère chrétienne.
Le site de Cotta renferme une usine de salaison d'époque romaine qui est considérée parmi les établissements les plus conservés en Méditerranée occidentale. Il aurait servi aussi au commerce du sel.
Mirador de Perdicaris
Le Mirador de Perdicaris donne une vue superbe sur le détroit de Gibraltar.
Cap Malabata
Malabata est le cap qui offre une vue à 180° sur le détroit de Gibraltar. Un phare s'y trouve.
La médina et les remparts d'Assilah
Même si Assilah n'a gardé aucun des vestiges de la Kasbah bâtie par Al-Qasim Ibn Idris et Mousa Ibn Abi Al-Afiya au IXe et Xe siècles, la médina est pleine de charme par le contraste du blanc et du bleu intense des portes et des volets. Un rempart très imposant, en forme de parallélogramme, encercle la médina et s'étend sur une superficie de 7 hectares. Il est percé de cinq portes qui datent d'époques différentes parmi lesquelles deux sont d'origine portugaise : Bab al-Homer (Porta da Vila) et Bab al-Bahr (Porta da Ribeira).
Les bastions et les tours d'Assilah
Parmi les bastions et les tours les plus spectaculaires représentant une place portugaise, existe la Coraça (Borj al-Bahr) et la Torre de Menagem (Borj al-Kamra). La première, construite entre 1508 et 1516, avance sur la mer et servait à suivre l'arrivée et le départ de l'approvisionnement et des renforts. La seconde, tour principale du rempart, marque par son allure imposante. Ces tours et bastions n'auront toutefois pas pu empêcher la victoire musulmane et le retour de la ville sous souveraineté marocaine durant le 17ème siècle.
Site archéologique de Kouass
Le site de Kouass est situé sur la rive droite de l'oued Gharifa, à quelques kilomètres au nord d'Asilah. La présence du fleuve Gharifa, la proximité d'un port naturel, la présence de terres fertiles et de carrières d'argile ont pu permettre et faciliter, certainement, l'installation humaine sur le site de Kouass.
Les fouilles effectuées sur le site ont permis de dégager plusieurs fours de potiers d'époque préromaine qui ont produit des amphores et des céramiques durant une longue période allant du VIème au Ier siècle av. J.-C. Outre les ateliers de potiers, un archéologue y a reconnu une construction à caractère défensif qui se rapproche, du point de vue technique de construction des bâtiments pré-romains de Tamuda et de Lixus, des usines de salaisons datées de l'époque impériale (I-IIème siècle. ap. J.-C.), un aqueduc et une citerne.
Site archéologique de Dchar Jdid (Zilil)
Les fouilles entreprises sur le site ont permis de dégager des quartiers d'habitation, un grand temple, un ensemble thermal, une imposante citerne à quatre compartiments, alimentée par un aqueduc en partie souterrain, sera construite pour l'alimenter en eau, postérieurement à Hadrien.
La ville a été détruite, à un moment archéologiquement indéterminé, entre 238 et le milieu du IVème siècle. L'étude des monnaies issues des fouilles de Dchar Jdid montre que la reconstruction de la ville résulte d'une décision impériale et peut être datée assez précisément des années 355-360 ap. J.-C.. La création la plus spectaculaire est celle d'une église paléochrétienne, à trois nefs, pourvue d'un baptistère et de diverses annexes, près de la porte ouest de l'enceinte, unique monument de cette catégorie dégagé en Maurétanie Tingitane. La ville aurait été détruite au début du Vème s.